Inscrire la justice axée sur les personnes au sein des programmes nationaux
Le 9 février 2021, HiiL et ses partenaires se sont rassemblées pour le second jour du Forum de la Justice innovante. Les participants et les intervenants ont discuté des leçons apprises en s’appuyant sur des études de cas et des expériences afin de mettre en exergue les défis et les interventions possibles nécessaires pour encourager les gouvernements nationaux à jouer leur rôle dans la promotion d’une justice axée sur les personnes. Les séances ont également exploré « le bon encadrement », ainsi que les types d’encadrement nécessaires à la défense d’une justice axée sur les personnes.
« Un encadrement fort ne concerne pas uniquement les réformes institutionnelles, mais exige également un examen des expériences des personnes au sein des systèmes judiciaires », a déclaré Alejandro Alvarez, directeur du Groupe de l’État de droit du Cabinet du Secrétaire général au sein des Nations Unies. « Les fonctionnaires et les particuliers doivent rendre compte de la manière dont les individus vivent leurs problèmes respectifs et réfléchir à des moyens de résoudre ces derniers. Cela implique de définir le service en tant que priorité — veiller à ce que les individus disposent des informations nécessaires leur permettant de se sentir à l’aise, accueillis, en sécurité et de réduire le stress lors de l’expérience d’obtention de justice. »
Les temps forts du second jour comprenaient :
- Une étude de cas hypothétique — Cette activité pratique a examiné les défis et les interventions possibles visant à développer les « Services de Justice communautaire » (CJS) et à intégrer les systèmes de justice formels et informels. Les panélistes ont abordé différentes questions, notamment les réformes réglementaires nécessaires visant à étendre le CJS, les recommandations éventuelles pour modifier le financement des services de justice, ainsi que les autorités publiques étant les plus concernées par le succès et ce qui serait attendu de leur part, entre autres. Les principales hypothèses incluaient :
- Autorités les plus pertinentes : Être politiquement conscient et explorer différentes voies — non seulement le secteur public, mais aussi les flux et investissements du secteur privé. Ne pas oublier de démontrer votre valeur et de conquérir des cœurs.
- Soutien financier : Quels sont les modèles de financement les plus prometteurs pour les services communautaires et les tribunaux ? Encourager les gouvernements nationaux à s’impliquer et à considérer les investisseurs privés ou providentiels, ceux qui partagent vos valeurs, votre idée et expliquent pourquoi ces services (CJS) sont pertinents ou nécessaires.
- Dimension de genre : Les innovatrices du CJS pourraient rencontrer certaines difficultés et être scrutées de près par rapport à leurs homologues masculins qui pourraient bénéficier d’une approche différente. Entretenir les partenariats
- Rôle des avocats : De quelle manière les avocats et les fournisseurs de justice communautaire pourraient-ils se compléter ? De quelle manière pouvons-nous aider les avocats à mieux comprendre le rôle qu’ils peuvent jouer sur le plan communautaire ?
- Justice centrée sur les personnes en Ouganda —Au cours de cette « discussion au coin du feu », Rachael Ampaire, notre Directrice de Programme avec l’équipe ougandaise au sein de HiiL, et Edgar Kuhimbisa, responsable de l’information, des communications et de la technologie auprès du secteur de la Justice et du Maintien de l’ordre (JLOS – Ouganda) ont discuté des leçons du partenariat HiiL-JLOS. Edgar a remercié HiiL pour son partenariat, ainsi que pour le programme accélérateur de justice, qui a encouragé les innovations judiciaires en Ouganda et « inspiré de nombreux Ougandais visionnaires ». Il a ajouté : « Il est essentiel de ne pas simplement parler de solutions. Plongeons-nous dans la mise en œuvre et ayons des résultats à montrer. Cela permet d’attirer l’attention des acteurs nationaux. Et lorsque nous commençons à nous focaliser sur les petites victoires, nous constatons le changement. »
- Encadrement politique —Cette table ronde interactive a abordé les pratiques et conditions propices à la création d’un « environnement favorable » permettant la progression de la justice axée sur les personnes. Les intervenants ont reconnu l’encadrement politique pour une justice axée sur les personnes comme :
- L’honnêteté concernant le manque d’accès à la justice.
- La justice en tant que service aux personnes.
- L’accent porté sur l’expérience des individus.
- Des approches inédites afin d’instaurer des changements
- Une nouvelle stratégie d’assistance à l’État de droit.
- Le gouvernement en tant qu’innovateur —Au cours de la table ronde interactive finale, les panélistes ont abordé les moyens de rechercher le bon encadrement et les types d’encadrement nécessaires pour défendre la justice axée sur les personnes. La juge Ginger Wren, modératrice de la session, a relevé l’impact de la pandémie de COVID-19 sur la numérisation du système judiciaire aux États-Unis. « Sans la pandémie, nous, aux États-Unis, n’aurions probablement pas progressé [à cet égard]. » Elle a ajouté : « Du désespoir vient l’innovation, de la crise à l’opportunité. Il nous faut [tous] trouver des moyens innovants de résoudre les différends et les conflits — nous avons besoin que les Changeurs des règles du jeu, les dirigeants et les gouvernements se manifestent tous dans le but de mener à bien l’innovation en matière de justice. » Interrogée sur les défis de la transmission d’un message au public et de la communication en tant qu’aspect essentiel de l’encadrement, Michala Mackay, directrice et chef de l’exploitation de la Direction de la science, de la technologie et de l’innovation (DSTI) en Sierra Leone a répondu : « Comprendre le défi est la solution. La connectivité, par exemple, n’est pas nécessairement une réponse basée sur Internet. L’engagement communautaire peut faire preuve de davantage d’efficacité ; par exemple, en utilisant d’autres médias comme la radio et en établissant des partenariats locaux et durables pour transmettre des informations vitales. » Pour sa part, Paul Neo, directeur d’exploitation de l’Académie de droit de Singapour, a souligné que l’innovation n’est pas la technologie. « Ne confondez pas innovation et technologie — la technologie n’est qu’un outil et nous devons nous interroger sur “la meilleure manière d’appliquer la technologie” ». Il a poursuivi : « L’élément humain est extrêmement important, ce qui comprend l’introduction de la médiation et du règlement des différends chez les écoliers, ou le fait d’éduquer notre ancienne génération sur la nécessité de rédiger un testament, par exemple. »
Le troisième jour, la conférence explorera « Le financement de la justice axée sur les personnes ». Les participants et les intervenants présenteront un aperçu du budget de la justice 2.0 et examineront les rôles des divers organismes de financement dans la création d’une justice axée sur les personnes. Parmi les question figurent : De quelle manière les gouvernements et les agences donatrices peuvent-ils soutenir les initiatives de justice qui changent les règles du jeu ? Quel rôle le secteur privé peut-il jouer dans l’élaboration, le financement et la mise à l’échelle d’une justice axée sur les personnes ? Et de quelle manière les données peuvent-elles contribuer à favoriser un mouvement de justice axée sur les personnes pour l’avenir ?
Lectures complémentaires :
- Récapitulatif du jour 1 : Forum de la Justice innovante 2021
- Forum 2021 de la Justice innovante Programme
- Rapport sur les tendances : Rendre justice rigoureusement
- Combler le fossé de la justice avec des services « changeant les règles du jeu »